Le déclin du Gulf Stream peut-il refroidir les côtes bretonnes ?

Qui n’a pas déjà entendu évoquer autour de soi le risque que le climat breton se refroidisse à cause d’un « arrêt du Gulf Stream » ? Pour vérifier cette hypothèse, il convient de revenir sur le fonctionnement de l’Océan Atlantique.

La première chose à savoir est que le Gulf Stream est un courant marin chaud de surface qui s’écoule le long des côtes sud-est américaines, et qui ne va pas s’arrêter. Ce courant fait partie d’une grande boucle de circulation océanique poussée par les vents d’ouest à nos latitudes et les alizés dans les tropiques (figure 1).

Figure 1 : Schéma de la circulation thermohaline méridienne, montrant la boucle du Gulf Stream et la dérive Nord Atlantique (courants chauds) ainsi que les courants de retour froids. Source : © GIEC.

Le changement climatique a en fait une influence sur une autre boucle de circulation, qu’on appelle la circulation thermohaline méridienne. C’est cette circulation, moins intense que le Gulf Stream, qui amène des eaux chaudes depuis l’Atlantique Tropical jusqu’aux côtes de Norvège et en Arctique (la branche de ce courant qui passe au large de la Bretagne s’appelle la « dérive nord-Atlantique » et pas le Gulf Stream). Les eaux se refroidissent ensuite dans les régions polaires, deviennent plus denses et plongent pour revenir vers le Sud en profondeur. Avec le réchauffement climatique, les scénarios futurs prévoient une diminution de cette circulation thermohaline méridienne principalement parce que, dans les zones polaires et subpolaires, l’eau de mer sera moins salée en surface et donc moins dense, à cause de la fonte des glaces et de l’augmentation des pluies. La diminution de la densité sera également amplifiée par le réchauffement accru aux hautes latitudes, limitant ainsi la plongée des eaux denses. La baisse des flux impliqués serait de 24 à 39% d’ici 2100 selon les scénarios.

Or, cette diminution de la circulation thermohaline méridienne est bien prise en compte dans les projections du climat futur. On constate simplement que son ralentissement n’est pas suffisant pour enrayer le réchauffement conséquent prévu sur l’Europe de l’Ouest. Certes, les projections restent incertaines, parce que certains effets ne sont pas bien pris en compte (le rythme rapide de la fonte des glaces du Groenland, par exemple) ; cependant les incertitudes influent surtout sur les siècles à venir, car la circulation thermohaline méridienne varie lentement. Pendant le siècle en cours, le débit de la circulation méridienne va diminuer mais l’Europe va continuer à se réchauffer, avec une température moyenne en 2100 qui dépendra surtout de nos émissions de gaz à effet de serre.